Le samedi 12 octobre,

en présence de la famille, de nombreux thônains et des officiels, dont Monsieur le Maire de Thônes Pierre Bibollet et son Conseil Municipal, Monsieur le Sénateur honoraire Jean-Paul Amoudry, Monsieur le Sénateur et Vice-président du Sénat Loïc Hervé, Monsieur le Président de l’Association des Glières Gérard Métral, Monsieur le Sous-Préfet de l’arrondissement d’Annecy David-Anthony Delavoët, et Monsieur Martial Saddier, Président du Conseil départemental de la Haute-Savoie,

le pont et la rue Jacques Golliet ont été officiellement baptisés pour rendre hommage à cette figure locale et nationale. Deux plaques ont été dévoilées, et vous trouverez également un pupitre au croisement avec la rue de la Saulne qui rappelle l'engagement politique et mémoriel de Jacques Golliet, ancien Maire de Thônes, Conseiller Général et Sénateur.

Retrouvez les photos ici.


Jacques Golliet vu par sa fille Claire


Jacques Golliet, mon père - par Claire Golliet, 1er novembre 2024


Ce n’est pas l’homme public que j’évoquerai ici, mais plutôt le père, le papa qui a été le mien, celui de mon frère François et de ma sœur Odile.

Après nos années d’enfance entre le Sénégal et la Haute-Savoie, notre foyer s’installe définitivement à Thônes, berceau de la famille Golliet. La petite fille que j’étais se souvient surtout des repas familiaux, des promenades en forêt, des framboises, myrtilles, chanterelles et autres champignons ramassés main dans la main avec mon père en forêt du Mont ou dans les Aravis. L’observation du vivant, le déroulement des saisons, la découverte des ciels étoilés ont été des moments de partage dont le souvenir est précieux.

Puis la marche en montagne, la pratique du ski, avant de devenir des activités plaisantes ont été ponctuées bien souvent d’un « avance ! Tais-toi et marche ! » tonitruants.

En arrière-plan d’une éducation « à la dure », il y avait l’idée (clairement exprimée) de préparer ses enfants au pire : c’est-à-dire l’invasion des Chinois ! En effet, la publication  en 1973 du livre d’Alain Peyrefitte « Quand la Chine s’éveillera... le monde tremblera » en a marqué plus d’un. Donc, faire du sport, mais aussi apprendre à supporter le froid, la fatigue, couper du bois et savoir faire du feu, s’habiller de manière adaptée, se diriger la nuit grâce aux étoiles, prévoir la météo en observant le ciel, porter son sac à dos même s’il est lourd, apprendre à cultiver son jardin, ne pas gaspiller l’eau... etc. Bref, il fallait apprendre à survivre et à résister, si jamais la guerre revenait. La guerre n’est pas revenue dans notre pays et les chinois n’ont pas envahi militairement le territoire français. Mais au regard de ce que mon père avait vécu, nous éduquer à l’autonomie était pertinent.

Avoir un père très curieux et très cultivé m’a donné envie d’en savoir toujours plus derrière les apparences et dans de nombreux domaines. Sa passion pour l’architecture des jardins, la musique classique, comme ses passions en général ont été contagieuses. Car, comme tout bon pédagogue qu’il était, il savait faire des liens entre la connaissance théorique et l’expérience pratique et concrète, nous partageant aussi ses expériences de vie. Pendant plusieurs années, nous sommes partis en vacances à l’étranger. Combien de musées et de monuments et de sites historiques nous avons visités. Visiter pour visiter, non. Passionné comme il était, il avait à cœur de toujours replacer les lieux dans leur contexte historique, sociétal et artistique. On ne pouvait espérer mieux comme ouverture sur le monde. Ainsi, il m’a transmis cette passion du voyage, de l’histoire et de la découverte.

Européen convaincu, il espérait la paix entre les peuples et pour se faire il était très attaché au respect et à la compréhension des autres cultures et civilisations, à la tolérance, qui ne pouvaient se développer qu’en multipliant les rapprochements entre les habitants de la planète.

Pour lui, il était également important de savoir prendre du recul dans toute situation même avec humour et dérision. C’est vrai, nous avons beaucoup ri. Que ce soit autour d’une bonne table, d’un bon verre (quel épicurien !), en regardant un Western ou un film de James Bond, ou encore avec ses amis fidèles. Rire était libérateur.

Lorsqu’il m’avait demandé de lui apprendre à tricoter, je me souviens de nos fous rires. Et de conclure ensuite : « rien que pour ça, toutes les femmes ont mon admiration ! »  Ce à quoi je lui répondis avec malice : « enfin la reconnaissance ! »  Et même, s’il répétait régulièrement avec une pointe de misogynie totalement assumée : « que Dieu nous garde des filles ! », il a su dire néanmoins avec admiration combien le caractère déterminé de ses 2 filles leur avait permis de « réussir » dans la vie malgré l’adversité. Nous étions à bonne école !

Il y aurait encore tant à dire de ce père hors du commun, parti rejoindre la Lumière et cet Amour Inconditionnel auxquels il aspirait tant.

Avant son grand départ, j’ai pu lui exprimer mon affection et ma reconnaissance pour l’homme et le père qu’il a été.

Jacques Golliet vu par sa fille Claire
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